La folie et l'identité sont au coeur du premier roman de Nafissatou Dia Diouf. La Maison des épices n'a néanmoins rien du roman à thèse: l'écrivaine sénégalaise raconte avec pudeur la vulnérabilité des êtres au travers de personnages généreux et attachants.

Juchée sur une falaise sur la pointe occidentale de l'Afrique, la Maison des épices est un ancien comptoir colonial transformé en refuge médical prêt à accueillir les naufragés de la vie.

Dans cet établissement non conventionnel, les médecins diplômés côtoient les guérisseurs aux savoirs ancestraux. C'est dans ce havre, où le calme environnant contraste avec le vacarme intérieur des pensionnaires, qu'est transféré un homme amnésique d'une vingtaine d'années.

«Louis» n'a ni mémoire ni histoire. Son surnom, il le doit à la proximité du pronom «lui». Son médecin traitant est étrangement déterminé à le guérir, mais c'est moins grâce à la science et aux rituels magiques qu'à l'amitié avec Colonel, un vieil original trop futé pour avoir perdu la raison, que Louis parviendra à s'échapper de l'univers dans lequel il s'est emmuré.

Et accepter les réminiscences indésirables de son enfance comme autant de jalons sur le difficile chemin vers soi.

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La maison des épices. Nafissatou Dia Diouf. Mémoire d'encrier, 312 pages.