Sept récits, sept lieux. Autant d'idées fixes suivies avec la perfection formelle qui caractérise Jean Echenoz.

Caprice de la reine projette le lecteur d'un parc du Suffolk à une ville de la banlieue parisienne, des fonds marins à Babylone, de la campagne française à la baie de Tampa, au gré des caprices de l'écrivain qui rappelle, non sans facétie, que «c'est lui le patron».

Aucun fil conducteur ne relie ces miniatures littéraires publiées entre 2002 et 2014 dans des revues, pour la plupart. La juxtaposition de ces récits (et non nouvelles) aux thèmes et aux constructions disparates accentue l'étrangeté qui émane des accumulations descriptives à l'ironie diffuse et à la fantaisie certaine.

Dans le cabinet de curiosités de Jean Echenoz, l'illustre amiral Nelson plante les chênes dont le bois servira à construire la future flotte royale et le tonneau... dans lequel sera transportée sa dépouille, la rigueur d'Hérodote est mise à mal, les statues des reines de France arborent des expressions «peu aimables» ou «hautaines sans arrogance» et parfois, même, de «gros seins» et Le Bourget donne envie d'aller y casser la croûte.

Sept caprices auxquels il serait dommage de ne pas céder.

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Caprice de la reine, Jean Echenoz, Les Éditions de minuit, 128 pages.