C'est un vallon abandonné, en Caroline-du-Sud, où les falaises ne laissent pas le soleil pénétrer, et où rien ne pousse. Sur le point d'être recouverte par un barrage, cette «terre d'ombre» recèle un passé qui sera bientôt englouti, avec ses rivières, sa maison de rondins.

Le roman de Ron Rash, lui-même originaire de cet État du Sud, se fait le porte-voix de vies oubliées, celles de gens modestes qui auraient pu vivre là.

En 1917, Laurel et Hank vivent sur cette terre, achetée par leurs parents et qui, d'après les superstitions locales, n'apporte que le malheur. Laurel est porteuse d'une tache de naissance qui fait d'elle, aux yeux des paysans du coin, une sorcière.

Son frère Hank est rentré des tranchées d'Europe amputé d'une main. La venue de Walter, muet mais qui joue merveilleusement de la flûte, serait-elle le signe d'un bonheur possible?

Dans une narration très sobre, Rash dépeint un mode de vie rustique où l'intrusion de la grande histoire fera éclater la violence. Malgré une intrigue minimale, Une terre d'ombre illustre, implacablement, «combien une vie humaine est petite et fugace».

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Une terre d'ombre, Ron Rash, Éditions du Seuil, 241 pages.