Il y a cet écrivain, attablé à la terrasse d'un restaurant vénitien, et qui, pendant la semaine, s'éclipse pour l'Hexagone, puis revient. Dans sa valise, pleine à craquer, on trouve largement de quoi puiser - non des objets, plutôt des propos à relater.

Dans ce qui se veut un «manuel de contre-folie», le narrateur lorgne et décortique la démence globalisée, du simple tweet à l'éléphantesque incompétence des médias et de l'édition.

Ici Venise, les masques tombent, on interroge le vrai visage de l'homophobie, de Voltaire, du droit de mourir et de l'adultère. Des vertus du massage, de l'amour et de la drogue - à moins que ces dernières ne fassent qu'un?

Regard désabusé sur le monde contemporain, réflexion aussi introspective que périphérique, aussi moderne que nostalgique (Saint-Simon se voit cité à profusion), Médium n'est pas sans rappeler, dans sa tonalité, L'enfant grec de Vassilis Alexakis, interrogeant un monde qui tourne vite et, avant tout, pas si rond.

En somme, il est loin d'être déplaisant de s'installer à La Rivieria, aux flancs de cet écrivain torturé, de scruter le microcosme vénitien et le sens de sociétés devenues mosaïques de folies. Densité intellectuelle et remises en question seront au rendez-vous.

* * *

Médium, Philippe Sollers, Gallimard, 176 pages.