Quel souffle! Ce livre donne l'illusion d'avoir été écrit d'un jet tant les mots et les idées se bousculent.

L'auteur portugais prend plaisir à faire éclater les styles, à les mélanger de manière inattendue. Il annonce des passages à venir, prévient qu'il se dispensera d'écrire tel dialogue, fait allusion à des personnages de la littérature, manie habilement l'humour. À l'occasion, il interpelle même le lecteur.

Cette écriture débridée et jubilatoire repose sur une intrigue simple. Un couple de Lisboètes, dans la trentaine, a pris la décision de divorcer. Après un partage méticuleux des biens, ne reste plus que la tortue domestique dont aucun ne veut.

Mais puisqu'ils l'ont achetée ensemble et qu'elle a beaucoup grossi, ils feront équipe pour la sortir de leur appartement. Cela donne lieu à une série de rebondissements rocambolesques dans Lisbonne et en marge, on perçoit les subtiles variations de sentiments chez les partenaires. Leur vie commune ne tenant plus qu'à la tortue, chacun s'y accroche comme à une bouée... tout en feignant l'indifférence.

Les longues phrases échevelées ralentissent parfois la lecture de ce récit d'une grande densité, mais elles sont pleines de trouvailles.

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L'art de mourir au loin, Mario De Carvalho, Les Allusifs, 126 pages.