En fuite en 1944, les grands acteurs de la collaboration française avec l'Allemagne nazie et leurs suites trouvent refuge et protection au château de Sigmaringen tandis que leurs partisans s'entassent dans le village attenant, doté du statut d'extraterritorialité française par le régime hitlérien.

Pour Julius Stein, majordome du château de la famille princière des Hohenzollern chassée par les nazis, il importe de servir les nouveaux occupants avec le même décorum, appris de son père et en place depuis des décennies. Il lui faut en outre satisfaire les caprices des Pétain, Laval et autres Darnand, sans compter quelques médecins, dont un certain Louis-Ferdinand Céline. Stein doit en outre composer avec Jeanne Wolfermann, intendante du maréchal qui lui rappelle qu'il est désormais en France, même s'il commande encore la domesticité, fût-elle allemande ou française. Dans cette autre collaboration, forcée celle-là, Julius et Jeanne parviendront à se forger un respect mutuel.

Fort d'une copieuse documentation, Assouline rend bien le climat de cette déliquescence surréaliste, qui agit par contre comme un carcan pour déployer une intrigue qu'on aurait souhaitée plus développée, malgré quelques beaux rebondissements. Son roman réussit en revanche un indulgent plaidoyer pour les conscrits de toutes conditions. -

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Sigmaringen, Pierre Assouline Gallimard, 360 pages