Notre chroniqueur vous propose une sélection des meilleurs romans policiers.

DOSSIER 64

Jussi Adler Olsen

Albin Michel, 608 pages

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Dans cette jungle inextricable et touffue qu'est devenue la publication de polars scandinaves post-Millenium, où le meilleur côtoie trop souvent le banal ou le pire, une série se démarque nettement, celle des enquêtes du Département V de l'écrivain danois Jussi Adler Olsen.

Dans Dossier 64, nous retrouvons avec plaisir l'inspecteur Carl Morck, un quadragénaire taciturne, le mystérieux réfugié syrien Assad, plus efficace que jamais, et la bouillonnante Rose. C'est d'ailleurs cette dernière qui va déterrer, dans le monceau de vieux dossiers qui encombrent les locaux blafards de la brigade, une banale affaire de disparition qui va s'avérer plus complexe que prévu et dont les racines plongent dans le sombre passé politique du Danemark. Alors que les affaires de disparitions inexpliquées se multiplient, Morck et son équipe suivent une piste qui les mène à Curt Wald, un vieux chef de l'extrême droite dont le parti menace de remporter plusieurs sièges aux élections, et qui est à la tête de Lutte secrète, un réseau de médecins et d'infirmières partisan de l'eugénisme et prônant la pureté de la race.

À la fois histoire de vengeance et brûlot politique (basé sur des faits réels) Dossier 64 est un thriller passionnant, très représentatif d'une série qui a été récompensée par de nombreux prix et dont la qualité ne se dément pas.

TERMINUS BELZ

Emmanuel Grand

Liana Lévi, 366 pages

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Marko Vorodine est un jeune Ukrainien qui a décidé de quitter sa vie misérable pour tenter sa chance en France. Mais le voyage clandestin tourne mal et Marko, poursuivi par des tueurs de la mafia roumaine, est obligé de fuir. Il trouve refuge à Belz, une petite île bretonne au large de Lorient. L'accueil est glacial. Les insulaires, des êtres superstitieux, n'aiment guère les étrangers, considérés comme des voleurs d'emplois et des porteurs de poisse.

Dans ce lieu sauvage battu par les vents et les vagues baptisé «île des fous» subsistent de vieilles légendes qui associent les étrangers à créatures surnaturelles que l'on aurait aperçues dans l'île. Quand Marko est tout de même engagé par un capitaine de chalutier, il s'attire l'hostilité ouverte des autres marins. Quelques jours plus tard, son principal détracteur est retrouvé assassiné dans des conditions atroces. Dès lors, la situation du jeune homme devient périlleuse: on le soupçonne d'être l'assassin, les flics du continent font enquête et les tueurs lancés à ses trousses ont retrouvé sa trace.

Terminus Belz est le premier roman d'Emmanuel Grand. C'est un thriller envoûtant, qui flirte avec le fantastique, et dont l'intrigue est ancrée dans un décor exotique, aussi pittoresque que sinistre. Bref, un nouvel auteur à suivre...

DERNIERS PAS VERS L'ENFER

Maxime Houde

Alire, 288 pages

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En échange d'une réduction substantielle de sa dette de jeu, Daniel Martineau, un flic d'élite de la police de Montréal, accepte d'enquêter sur la disparition de Sam Costa, un homme de confiance du chef mafieux Big Ed Sanchetti, disparu alors qu'il tentait de négocier une trêve avec Vincenzo Blanco, un autre gangster notoire. Depuis la mort accidentelle de sa fille, la vie de Martineau a basculé: son couple bat de l'aile, il a d'énormes dettes de jeu et il est dans le collimateur de ses supérieurs. Quand il découvre le cadavre de Costa et comprend pourquoi ce dernier a été éliminé, il réalise qu'il a tous les atouts en main pour tenter un grand coup et refaire sa vie. Mais le destin veille et c'est le début de sa descente aux enfers...

Dans Dernier pas vers l'enfer, Maxime Houde délaisse son personnage de Stan Coveleski et transpose son action dans le Montréal contemporain où les clans mafieux se font une guerre à mort et les forces de police sont gangrenées par la corruption. Son Daniel Martineau est un dur, un personnage de ripoux au grand coeur tout droit issu des pulps du type Black Mask.

C'est un roman très noir, riche en action violente et en suspense, avec des dialogues punchés et un rythme trépidant de thriller. Une belle réussite...