Une vieille Texane excentrique invite un Conteur d'histoires pour distraire cinq orphelins lors d'une fête d'Halloween.

Avec moult fractures et mots-valises, Mark Z. Danielewski entremêle les voix des cinq enfants pour raconter les événements de cette soirée d'horreur.

L'épée des cinquante ans prend ainsi la forme d'une courtepointe où des guillemets multicolores font office de surpiqûres, un aspect appuyé par les broderies évocatrices qui illustrent richement les pages de ce conte pour adultes.

Connu pour ses constructions littéraires atypiques (dont l'angoissante et byzantine Maison des feuilles, qui fait actuellement l'objet d'une réédition, aussi chez Denoël), Danielewski signe probablement ici son roman le plus classique.

L'auteur, fidèle à ses habitudes, refuse néanmoins de se soumettre à la disposition habituelle du texte, jouant avec les mots, les points de vue et l'espace pour mieux dérouter le lecteur.

Avatar de l'écrivain, la sombre figure du Conteur d'histoires évoque le pouvoir destructeur que peut avoir la fiction. Et s'il y a bien une épée dans L'épée des cinquante ans, on ne peut s'empêcher de penser que la fiction, telle que Danielewski la pratique, est une arme bien plus dangereuse.

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L'épée des cinquante ans, Mark Z. Danielewski, Traduit de l'anglais par Héloïse Esquié, Denoël, 288 pages.