Ce premier roman d'une dame de 72 ans originaire de Trois-Rivières ne fait pas dans la dentelle ni les jolis souvenirs familiaux.

Michèle Comtois nous amène plutôt dans un camp de concentration à la fin de 1943, et raconte l'histoire d'un groupe de prisonniers en sursis parce que leur geôlier veut se faire immortaliser en peinture entouré de ses sujets.

Il compte sur une nouvelle arrivée, Claire Gerson, pour réaliser cette oeuvre. Autour de Claire, fière jeune femme, et de la petite Lilian Maisel, le groupe réapprend l'espoir et la complicité, et provoque de légers dérangements à force de doses minimes d'insoumission.

Écrit brillamment et rempli d'éclairs poétiques, Le tableau de chasse semble fait dans l'urgence pour parler d'humanité et de solidarité. Mais même s'il est plein de réelles qualités littéraires et qu'il ne prend rien à la légère, le sujet de la Shoah reste délicat à utiliser et suscite un certain malaise.

Il reste que cette nouvelle romancière à la voix unique ne manque ni de courage, ni de rigueur, ni de talent.

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Le tableau de chasse, Michèle Comtois, Héliotrope, 130 pages.