Jean Rolin vient de remporter le premier prix de la rentrée littéraire 2013, le Prix de la langue française, pour l'ensemble de son oeuvre. Normal. Le journaliste-écrivain est un maître ès langue de Molière, et Ormuz, son 23e roman, se savoure à la manière d'un chocolat haut de gamme: on ne s'en empiffre pas, on le déguste lentement pour mieux en goûter les alliages inusités et le travail raffiné.

Plus proustien que Proust en matière de syntaxe, Rolin se paie aussi la traite côté sémantique: il puise notamment dans le vocabulaire de la marine militaire pour raconter, avec une plume de miniaturiste trempée dans l'ironie la plus fine, une quasi non-histoire!

Celle d'un certain Wax qui veut traverser à la nage le détroit d'Ormuz (où transite 30 % de la production mondiale de pétrole) et engage un rédacteur pour documenter son «exploit».

Ce narrateur n'aura alors de cesse de tout décrire, y compris la géographie de ce détroit entre le golfe Persique et le golfe d'Oman, aux frontières de l'Iran et des Émirats arabes unis.

Pour foodies et aficionados de littérature fine.

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Ormuz, Jean Rolin, P.O.L., 222 pages.