C'est le portrait d'une femme aimée et admirée qui apparaît au fil de la lecture des hommages écrits par des gens qui l'ont connue et ont été transformés par elle.

Jeanne Lapointe (1915-2006), intellectuelle infatigable, engagée mais discrète, féministe convaincue, aura contribué sans relâche à la modernisation du Québec dans ses actions et son enseignement.

Selon Guy Rocher, sans elle, le fameux rapport Parent «n'aurait eu ni le contenu, ni la qualité, ni la densité qui ont contribué à l'influence qu'il a exercée dès sa parution et jusqu'à ce jour». Selon Madeleine Gagnon, elle a une place de choix chez les grands intellectuels québécois du XXe siècle.

Générosité, intelligence, sens de la fête, fureur de vivre sont des mots qui reviennent sous la plume de Louky Bersianik et Marie-Claire Blais, qui ont toutes deux eu son appui pour écrire, car, comme l'écrit Blais, «elle estimait que l'écriture, la littérature était un chemin sacré vers la connaissance»; elle aura aidé bon nombre d'étudiants et d'écrivains, parmi lesquels Anne Hébert et Gabrielle Roy.

Ce recueil, un peu trop court, se termine par un texte de Jeanne Lapointe daté de 1955, qui dénonce la mesquinerie intellectuelle au Québec, texte qui n'a malheureusement pas pris une ride.

Jeanne Lapointe - artisane de la révolution tranquille. Textes réunis par Chantal Théry. Triptyque. 99 pages.