Comme Apnée (2010), ce nouveau Zviane en solo (après L'ostie d'chat avec Iris) est de ces bédés qui savent rendre les silences éloquents. Logique, puisque Les deuxièmes met l'oeil dans une maison où, mettant brièvement leur «vraie vie» entre parenthèses, se retrouvent deux amants clandestins.

Un huis clos intime, est-on tenté d'écrire, et... torride! En effet, la dessinatrice ne ferme pas les yeux quand ces deux-là se lancent dans des ébats passionnés: elle s'approche, observe leurs corps fébriles, parfois en gros plans, traque les gestes, les tremblements et les sourires d'extase.

Mais Zviane est Zviane. Ce qui signifie que même les baises les plus fougueuses peuvent être traitées avec un humour décalé, voire à la manière d'un morceau de musique...

Les deuxièmes est un fort beau livre d'atmosphère, à la fois mélancolique (il pleut tout du long), comique et charnel. Zviane s'y affirme une fois de plus comme une auteure sensible et coquine.

Elle saisit avec délicatesse les flottements existentiels de ces deux êtres qui, dans le secret d'une immense maison prêtée par un ami, vivent une passion condamnée à ne jamais être montrée au grand jour.

Mais peut-on vraiment se contenter d'une amitié amoureuse? Les deuxièmes peuvent-ils vraiment s'empêcher d'espérer devenir premier dans la vie de l'autre?

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Les deuxièmes, Zviane, Éditions Pow Pow, 128 pages.