Chaque mois, notre collaborateur propose une sélection des meilleurs romans policiers.

Mauvaise étoile

Texas, 1960. Après avoir passé plusieurs années dans des maisons de correction, les demi-frères Elliott Danziger et Clarence Luckman sont pris en otage par Earl Sheridan, un psychopathe de la pire espèce qui les entraîne dans une équipée sauvage à travers la campagne américaine, un périple sanglant parsemé de viols et de meurtres.

Au cours de ce voyage au bout de l'enfer, la véritable personnalité des deux frères va se révéler. Elliott admire Sheridan, le prend pour modèle, et quand celui-ci sera abattu, il prendra la relève, l'élève se révélant digne du maître dans l'art de tuer et de terroriser.

Clarence, par contre, qui a réussi à fausser compagnie aux tueurs, tentera de rentrer dans le droit chemin, avec l'aide de la jeune Bailey, fille d'une de leurs nombreuses victimes. Clarence n'a jamais tué personne, mais ironie du sort (il se dit né sous une mauvaise étoile), à la suite d'une fausse information, c'est lui que la police recherche avec ordre de l'abattre à vue!

Mauvaise étoile, cinquième roman traduit de R. J. Ellory, est un récit époustouflant, ultraviolent, qui laisse le lecteur pantois, abasourdi, choqué, mais fasciné, incapable de lâcher ce récit d'une noirceur totale au dénouement génial.

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Mauvaise étoile, R. J. Ellory, Sonatine, 537 pages.

L'heure du chacal

L'heure du chacal, de Bernhard Jaumann, dont l'action se passe en Namibie, a pour toile de fond un événement réel: l'assassinat, en 1989 (un an avant l'accès à l'indépendance), d'Anton Lubowski, un avocat influent de la SWAPO, exécuté par des agents secrets sud-africains.

Vingt ans plus tard, un tueur mystérieux traque les assassins (des Blancs riches et influents) et les abat à l'arme automatique. C'est la jeune inspectrice Clemencia Garrise qui est chargée de cette délicate enquête.

Pur produit de la «nouvelle Namibie», elle est noire, originaire d'un township, et elle a pu étudier grâce à une bourse. L'affaire a des ramifications politiques et la jeune policière découvre certains aspects peu reluisants de l'histoire de son pays, des exactions de l'apartheid au combat pour l'indépendance, en passant par les assassinats politiques et les massacres attribués aux services secrets de diverses factions.

Cette histoire, fascinante à bien des égards, rappelle certains polars de Deon Meyer. Bernhard Jaumann est un auteur d'origine allemande qui vit en Namibie. Avec ce polar, il a remporté le Deutscher Krimipreis 2011, la plus haute distinction du genre. Un honneur bien mérité et un auteur à découvrir...

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L'heure du chacal, Bernhard Jaumann, Le Masque, 282 pages.

Le sang des autres

Le journaliste Tom Reed et l'inspecteur Walter Sydowski sont de retour pour une troisième aventure dans Le sang des autres, de l'auteur canadien Rick Mofina. Cette fois, ils ont affaire à un tueur retors, génie de l'informatique, atteint d'une maladie incurable et qui tue de jeunes femmes esseulées rencontrées sur l'internet.

Quoique bien ficelée, l'intrigue de ce polar écrit en 2002 accuse un peu son âge: la technologie de la Toile a évolué et les cyberprédateurs sont des personnages plutôt stéréotypés dans le polar contemporain.

Néanmoins, l'histoire (plutôt complexe) de Mofina ne manque pas d'intérêt. Parmi les éléments les plus accrocheurs, il y a les mésaventures de l'inspecteur Ben Wyatt, injustement méprisé pour une bavure dont il n'était pas responsable, et qui cherche à regagner la confiance des autres.

Tom Reed doit composer avec un rédacteur en chef qui le déteste et cherche un prétexte pour le virer, ainsi qu'avec un Sydowski peu coopératif, avec lequel il entretient toujours une relation faite de méfiance et d'admiration.

Quant à l'inspecteur, il s'accroche aux méthodes d'investigation traditionnelles, ce qui frustre Linda, sa jeune partenaire qui privilégie les approches modernes et technologiques.

* * * 1/2

Le sang des autres, Rick Mofina, Alire, 496 pages.