Ne vous fiez pas au titre (Comment vivre? Une vie de Montaigne en une question et vingt tentatives de réponse) ou à des chapitres intitulés «Faire du bon boulot sans trop» et «Utiliser de petites ruses». Malgré les apparences, il ne s'agit pas d'un autre détournement d'un philosophe pour vendre une recette de croissance personnelle ou un catalogue de réponses préfabriquées.

À mi-chemin entre la biographie et l'essai, l'auteure y présente avec clarté et érudition les principales idées de Montaigne. Elle a le grand mérite de replacer Montaigne dans son contexte historique - sa tolérance tranche avec la barbarie des guerres de religion - et de lier sa pensée à ses maîtres stoïciens et sceptiques. On y analyse aussi avec finesse l'influence de son amitié avec La Boétie, de son fameux accident de cheval, ainsi que sa postérité chez les rationalistes qui l'ont mis à l'index et les romantiques qui l'ont mal compris.

L'expérience intérieure proposée par Montaigne, avec ses inévitables méandres et contradictions, constituait à l'époque une véritable innovation, rappelle Bakewell. On se fascine pour la part de nous qu'on voit en lui. Peut-être est-ce pour cela que des lecteurs fidèles ont toujours trouvé en lui un si fidèle compagnon.

* * * *

Comment vivre? Une vie de Montaigne en une question et vingt tentatives de réponse, Sarah Bakewell, Albin Michel, 496 pages.