C'est dommage, il y a beaucoup trop d'autoflagellation dans ce premier roman laborieux de Guillaume Bourque pour faire naître la moindre empathie envers son narrateur, Jérôme Borromée, qui raconte dans une longue confession son rapport tordu aux gens.

Une liste étourdissante d'anecdotes cruelles d'une jeunesse paumée fait qu'on s'y sent comme un outsider dans un party grinçant de retrouvailles entre ex-amis qui n'ont fait que se torturer, finalement. Pendant 211 pages, Borromée se compare aux autres, tantôt supérieur, tantôt inférieur, dans les deux cas dégoûté de lui-même d'être aussi obsédé par les apparences et par une réussite qu'il recherche éperdument sans jamais l'obtenir. Le règlement de comptes, même avec soi, fait rarement de la bonne littérature, même si on sent chez Bourque un grand souci de franchise et d'honnêteté. Mais le mépris (de soi et des autres) suinte tant à toutes les pages qu'il étouffe les rares moments d'humanité du personnage et donne l'impression qu'il ne fait que se vautrer de façon masochiste dans sa médiocrité, sans jamais évoluer et sans rien transcender. C'était peut-être le but, nous faire prisonniers de Borromée, avec pour résultat que nous n'avons, comme lecteurs, qu'une envie: sortir de lui, et, malheureusement, du roman.

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Jérôme Borromée, Guillaume Bourque, Boréal, 211 pages.