Les romans de l'auteure britannique dégagent un climat à la fois trouble et angoissant qui exerce un puissant empire sur leurs lecteurs. On n'a qu'à penser à Rebecca ou à L'Auberge de la Jamaïque, qui ont inspiré Alfred Hitchcock, mais qui gagnent à être lus. Il en va de même de ses 13 nouvelles réunies pour la première fois en un seul volume.

L'auteure décrit à merveille les moeurs étouffantes de la vieille aristocratie britannique de la première moitié du XXe siècle. Son hypocrisie proverbiale, certes, mais aussi toutes ses petites mesquineries capables d'empoisonner la vie des personnalités les plus affirmées. Elle excelle aussi à exploiter les fêlures de l'âme et du coeur, à décrire les drames que cachent les charmes indiscutables de la campagne anglaise ou les quartiers réputés ou mal famés de Londres.

Les descriptions sont brèves et précises comme un coup de scalpel. Les thèmes exploités sont variés, bien qu'affleure un intérêt marqué pour la psychologie féminine, dont elle manipule habilement les innombrables ressorts. À l'exception de La sangsue qui clôt le recueil, toutes les nouvelles ont été rédigées avant que la romancière n'ait accédé à la célébrité qui lui survit près d'un quart de siècle après sa mort.

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La poupée, Daphné Du Maurier, Albin Michel, 252 pages.