Une vie de famille qui vole en éclats, une identité à redéfinir hors du couple. Dans Contrecoup, mi-essai, mi-récit autobiographique, Rachel Cusk mène une réflexion étoffée et touffue sur son divorce et ses suites, le contrecoup «fondé sur la mort de tout ce qui précède».

L'auteure observe le retentissement de ce démantèlement dans sa vie et celle de ses deux filles, auxquelles sont consacrés les passages les plus sentis. Des anecdotes banales - une extraction de dent, une coupe de cheveux - forment la trame d'une quête de vérité qui interroge, selon une perspective féministe, les rôles masculins et féminins dans le modèle actuel de la famille.

Cusk convoque souvent la mythologie grecque, en particulier L'Orestie et OEdipe roi, dans le cadre d'exposés analytiques qui peuvent paraître désincarnés. Le ton est froid, distant, et l'écriture métaphorique, rendue de façon brillante par la traduction de Céline Leroy, crée des rapprochements parfois étonnants. Ce parcours intellectuel nous mène au dernier des chapitres, le plus réussi, dans lequel se révèle tout le talent de l'auteure pour l'écriture de fiction.

* * *

Contrecoup, Rachel Cusk, traduit par Céline Leroy, Éditions de L'Olivier, 176 pages.