Les antihéros de Lev Grossman font de la magie comme Harry Potter, séjournent dans un univers fantastique à la Narnia et se soûlent comme les jeunes intellectuels du Maître des illusions. Et pourtant, Le roi magicien est à mille lieues du collage.

Comme dans Les magiciens, premier livre de la série, Grossman emprunte copieusement des éléments, mais il les détourne, les transforme et, surtout, nous captive. On retrouve Quentin Coldwater, le jeune sorcier désabusé des Magiciens. Maintenant roi du monde fictif qui l'obsédait dans sa jeunesse, mais toujours insatisfait, Quentin partira en quête... d'une quête. Son Graal ne sera évidemment pas celui qu'il attendait.

Les moments les plus forts appartiennent toutefois à Julia, amie d'enfance de Quentin, dont le parcours est raconté en flash-backs. Après avoir été recalée à l'examen d'entrée de Brakebills (le Poudlard résolument adulte où Quentin a étudié), cette jeune surdouée apprendra la magie par elle-même. Un apprentissage chaotique et dangereux, bien différent de l'éducation rigide et cérébrale reçue par Quentin.

Dommage que la traduction française aplanisse parfois la délicieuse vulgarité de la prose de Grossman. C'était justement l'une des grandes forces de l'original : donner une voix si douloureusement humaine au surnaturel.

* * *1/2

Le roi magicien, Lev Grossman, traduit par Jean-Daniel Brèque L'Atalante, 496 pages.