Difficile de plonger dans un recueil de nouvelles typiquement américain lorsque les protagonistes s'expriment dans un français qui n'a plus cours même en France: «Et maintenant, monte dans cette putain de caisse, Marc», lancé, en plein XXIe siècle, par un natif du Rhode Island qui vit à New York depuis des décennies, c'est franchement trop improbable.

C'est particulièrement dommage pour cet américanissime Livre de la vie, écrit par Stuart Nadler. Oh, ce premier recueil n'est pas sans faille en soi: Nadler pense qu'on attend de lui qu'il soit le nouveau John Updike et fait tout ce qu'il faut pour répondre à la commande, avec, pour résultat, qu'il semble toujours se regarder écrire.

Qu'importe, au fil de la lecture, on découvre un auteur qui puise dans les liens familiaux et amicaux contemporains la matière de sept nouvelles aussi décapantes que désarmantes.

Les relations ami-meilleur ami, grand frère-petit frère, grand-père-petit-fils, etc. y sont l'objet de trahison et de rédemption entremêlées: nos proches le demeurent, quoi qu'on en pense et qu'on fasse. Tout cela est mâtiné d'un humour juif laïque assumé et actualisé. À découvrir, en faisant fi de la traduction...

* * *1/2

Le livre de la vie, Stuart Nadler, Albin Michel, 530 pages.