Récit métaphorique de la menace qui plane sur les juifs d'Europe centrale à la fin des années 30, Les eaux tumultueuses dépeint quelques personnages juifs qui se retrouvent chaque année dans une pension pour y dépenser trop d'argent, jouer et repartir les poches vides.

Benno boit trop, Zoussi est sous l'emprise d'un père qui lui fait repousser Zan, son infatigable prétendant, Rita subit le regard dur de son fils, qui juge sévèrement son envie désespérée de profiter de la vie.

Âmes sans guide, imperméables à la religion de leurs ancêtres, errant sans savoir donner une direction à leur vie, tous attendant cette année-là les autres habituels vacanciers qui ne viendront pas.

Sur fond d'antisémitisme, l'atmosphère étouffante perdure, rendue palpable au lecteur par la tristesse qui se dégage de ce conte mélancolique.

L'oisiveté, le vide existentiel, les velléités de changement de ces êtres à bout de souffle rendent le roman oppressant, et leur malaise se communique d'autant plus au lecteur que le style d'Appelfeld, naïf et toujours économe de ses mots, juge peu, mais dresse un constat implacable de la difficulté à donner du sens à l'existence.

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Les eaux tumultueuses, Aharon Appelfeld, Éditions de l'Olivier, 187 pages.