Ariane Gélinas célèbre la mémoire des villages fantômes du Québec dans cette trilogie, «Les villages assoupis», qui a débuté avec Transtaïga et qui se poursuit maintenant avec L'île aux naufrages.

On ne croirait pas que l'histoire se déroule au XXIe siècle tant le comte Florian Moret vit dans le passé, se remémorant, tel un Barbe bleue, le corps de ses épouses décédées et bien conservées dans le «musée familial», traînant des jours mélancoliques et langoureux dans son manoir de l'île d'Anticosti, chassant la nuit avec l'aide de son fidèle majordome...

Il n'a plus qu'un désir, trouver une nouvelle compagne, digne d'assurer sa lignée. Une grande soirée au manoir avec des invitées triées sur le volet pourrait faire l'affaire, s'il n'avait jeté son dévolu sur la mystérieuse Célénie, tenue prisonnière par sa mère dans une maison cachée dans les bois... Mais la mort rôde sur cette île jonchée de cadavres de naufragés.

Une langue précieuse et une atmosphère surannée enrobent le récit de Gélinas, qui écrit dans un style gothique près du XIXe siècle, et pourtant près du Québec, où elle déterre des coins oubliés, enfouis, étranges, singulièrement beaux et effrayants sous sa plume, dans le but peut-être de leur redonner quelques lettres de noblesse.

On aime.

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L'île aux naufrages 2. Les villages assoupis, Ariane Gélinas. Marchand de feuilles, 172 pages.