Prix Nobel de littérature en 2012, Mo Yan a écrit une oeuvre considérable. Pour ceux qui ne l'ont jamais lu et qui pourraient être découragés par l'ampleur de la tâche, ce petit livre autobiographique est un excellent moyen de découvrir son sens de l'observation acerbe et son humour teinté d'ironie.

L'auteur donne à la fois un aperçu fascinant de la campagne chinoise où il a grandi et est devenu jeune adulte dans les années 60 et 70, et un portrait décapant du régime communiste, de ses contraintes et de ses absurdités. Cela en à peine 125 pages et en suivant quelques personnages qui ont marqué sa jeunesse: la belle Lu Wenli, championne de ping-pong, le professeur «Liu Grande Bouche» et surtout, He Zhiwu, voyou débrouillard qui, de combine en combine, réussit à devenir riche et même à avoir trois enfants!

C'est truculent, instructif, vivant, et on suit avec autant d'intérêt le parcours du combattant de Mo Yan pour s'extirper de sa condition et enfin entrer en littérature que celui du vieux camion Gaz 51, rescapé de la guerre de Corée, objet de tous les fantasmes que l'auteur retrouve toujours sur son chemin, et qui va cahin-caha, increvable... ou presque.

Le Grand Chambard, Mo Yan, Traduit du chinois par Chantal Chen-Andro, Seuil, 125 pages