Même si Le bon coupable est une fable inspirée du Nouveau Testament et qu'il se déroule en Belgique au début des années 60, il y a quelque chose de très actuel dans ce roman d'Armel Job qui offre une version édifiante de la parabole du pharisien et du publicain.

Un dimanche midi, une petite fille est happée par une voiture en bordure de son village. Même s'il n'y a pas de témoins, les soupçons convergent vers Carlo Mazure, pochtron qui a pris le clos quelques kilomètres plus loin. Mais personne ne sait que quelqu'un d'autre est aussi passé sur cette route: Régis Lagermann, procureur du roi... Épatant tour de force que ce livre puisque même si on comprend rapidement qui est le coupable, l'issue morale reste incertaine et la tension constante. Qui doit payer: celui dont la vie est une suite de mauvais coups ou celui dont la respectabilité est au-dessus de tout soupçon? La faute en soi n'a même plus d'importance, et ce choc des perceptions est fascinant. Le roman dresse aussi le tableau d'une époque - l'après-guerre, la décolonisation - et offre le portrait de personnages hantés par la culpabilité qui croient trouver leur salut dans une petite fille aux boucles blondes transformée en ange.

Le bon coupable, d'Armel Job. Robert Laffont, 301 pages