La littérature trash se caractérise souvent par une certaine complaisance. Avec Dans la cage, son premier roman, le metteur en scène, auteur et comédien Mathieu Leroux a réussi, dans ce genre devenu convenu, à écrire un roman très cru, mais aussi plein de retenue.

Pas question de s'attarder sur les descriptions, pas d'étalage sans fin pour choquer le bourgeois: les mots claquent, le rythme est haletant et hachuré, la pression monte, le tout est écrit avec une précision proche de la poésie, mais qui donne à l'ensemble un genre de pudeur.

Avec l'histoire de cet homme blessé qui cherche à blesser à son tour, qui carbure à la coke et au fort, le jeune auteur brasse le lecteur. Mais il le transporte aussi sans heurts dansun passé trouble et un avenir pas très joyeux.

Au bout du compte, c'est beaucoup plus la sensibilité du personnage - son amour pour sa mère, sa peur du VIH («Virus Infiniment Homosexuel»), sa relation conflictuelle avec son frère aîné, sa peine d'amour sans fin - qui est au centre de ce court roman.

Son côté carnassier devient alors étonnamment secondaire, espèce de dommage collatéral d'une existence enfermée à l'intérieur de lui.

* * * 1/2

Dans la cage. Mathieu Leroux. Héliotrope, 179 pages.