Comment notre mémoire trafique-t-elle notre perception des événements? Quelle trace laisse-t-on dans la vie des autres? Une fille, qui danse, roman grave de Julian Barnes qui a reçu le prix Booker en 2011, pose ces questions avec fluidité, subtilité et une intelligence des émotions que seul un écrivain d'envergure peut saisir.

Tony, 60 ans, retraité, raconte une partie de son histoire. C'est celle d'un jeune homme qui a vécu une relation avec une jeune femme fantasque et qui, 40 ans plus tard, est obligé de reconsidérer les faits - particulièrement le suicide d'un ancien collègue d'université - à la lumière de nouvelles informations, et de remettre en perspective son propre rôle.

Le roman est écrit avec une sobriété qui n'a d'égal que l'émotion refoulée qui y est contenue, allant à l'essentiel dans les sentiments d'un homme vieillissant qui se demande si la vie qu'il a eue ressemble à celle qu'il pense avoir eue.

Forcé de faire un bilan, Tony a de lui-même une image à la fois juste et déformée. Par cette profondeur, Une fille, qui danse laisse longtemps son empreinte dans la tête des lecteurs.

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Une fille, qui danse. Julian Barnes. Traduit par Jean-Pierre Aoustin. Mercure de France, 193 pages.