Devant ce troisième volet du cycle du «Cimetière des livres oubliés» de l'Espagnol Carlos Ruiz Zafón, on craint d'abord une resucée de L'ombre du vent et que Zafón souffre du syndrome Dan Brown (réécrire constamment le Da Vinci Code sous un autre titre...).

Et on a absolument tout faux: lire Le prisonnier du ciel est un pur plaisir de lecteur et une étonnante source de rires aux éclats.

Étonnante parce qu'il y est beaucoup question de torture, d'emprisonnement, de sévices, bref de la plus terrible période du régime totalitaire franquiste, en 1939, à Barcelone.

Alors, comment et pourquoi rire? Parce que c'est Fermín Romero de Torres qui relate l'histoire et que son humour noir, acide, décapant est le plus généreux pied de nez qui soit à l'oppression. Ils répondent tous présents et se rencontrent, les héros mélancoliques et percutants de Zafón, dans ce Prisonnier du ciel (nettement moins lugubre que Le jeu de l'ange). David Martín, Daniel Sempere et son père, Isabella...

Grâce à des dialogues truculents, à des emprunts respectueux à Dumas (Le Comte de Monte-Cristo façon catalane) et à Cervantes (Fermín en Chevalier à la triste figure contemporain), Zafón signe là un roman digne de ce nom.

Le prisonnier du ciel Carlos Ruiz ZafÓn Robert Laffont 347 pages *** 1/2