D'un côté, des parents ouverts sur le monde et empathiques elle est anthropologue et s'intéresse aux langues en voie d'extinction, il est ingénieur spécialisé dans les technologies vertes.

De l'autre, leurs enfants, qui cultivent l'ironie, le détachement et les conquêtes elle est musicienne et vaguement hipster, il est vendeur de voitures.

Entre les deux, une fracture, une culture qui ne s'est pas transmise, deux visions de la vie en total décalage.

Dans ce roman choral touffu et lyrique, l'auteure franco-manitobaine Simone Chaput n'explique pas le pourquoi de cette rupture, mais porte un regard grave sur ce monde qui change si vite.

Et au-delà de ce portrait sans complaisance personne n'est parfait et elle montre plus qu'elle ne juge, même si on sent son parti pris, elle dessine des personnages forts dont on a envie de connaître le destin.

Elle suit pas à pas les mouvements de leur coeur et de leur corps, le temps d'un été, pendant lequel les certitudes de chacun seront ébranlées. Les deux jeunes adultes particulièrement, qui paieront cher leur refus de l'engagement.

Bien construit, écrit avec soin, Un vent prodigue reste un roman classique peut-être un peu trop lisse, mais qui décortique intelligemment le fossé des générations et l'angoisse de vieillir.

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Un vent prodigue. Simone Chaput. Leméac, 236 pages.