À quoi aspirent ces hommes et ces femmes qui composent le nouveau roman choral de la célèbre dramaturge et romancière Yasmina Reza? À l'amour? Au bonheur? À quelque chose qui les ferait échapper à leur minable condition humaine?

Ils sont 18 personnages, vieux ou jeunes, plutôt privilégiés pour la plupart, qui témoignent en solo et s'entrecroisent. Ils racontent les amants qu'on prend pour se sauver de «toutes sortes de mélancolie».

Les maîtresses qu'on accumule et méprise. Les conjoints qui se pourrissent la vie. Ces monologues sont traversés par une violence à peine contenue, une intolérance qui frôle l'hystérie.

Un cas à part: un couple aimant dont le fils interné se prend pour Céline Dion, accent compris, ce qui en France, doit être jugé cocasse.

On serait tenté d'y voir un roman à clef, sachant que l'auteure fut la maîtresse de DSK... L'amour est impossible et puis après?

Après, on en redemande, bizarremment. À cause du regard sans compassion de Yasmina Reza, la lumière crue qu'elle braque sur la vulnérabilité de chacun, la solitude, la vieillesse, la maladie, les pitoyables désirs auxquels s'accrochent les désespérés, même ceux qui s'ignorent.

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Heureux les heureux. Yasmina Reza. Flammarion 187 pages.