Selon Dany Laferrière, le peintre primitif ou naïf brosse son tableau pour qu'il touche le plexus de celui qui le regarde.

Avec son plus récent livre autobiographique, qui n'a pourtant rien de primitif ou de naïf, l'écrivain Alain Mabanckou lance un coup littéraire au plexus du lecteur.

À la fois enfant prodigue et prodige, l'auteur d'origine congolaise revient dans sa ville natale de Pointe-Noire, qu'il a quittée 23 ans plus tôt. Mais aussi 17 ans après les funérailles de sa mère (auxquelles il n'assista pas) et 7 ans après celles de son beau-père aimant (auxquelles il ne se rendit pas non plus).

Il retourne donc sur les lieux de son enfance et de son adolescence, dans un ouvrage qui emprunte au journal intime, au carnet de notes, à l'album de photos de famille, à la collection de vignettes et de portraits intègres, sans apitoiement ou misérabilisme.

Il sait qu'il n'appartient plus à la parcelle de terre que possédait sa mère, tout en mesurant qu'il doit tout ou presque à ce lieu, à cette femme et à ses proches.

Un récit ondoyant et poignant, cru et poétique. Bref, un tableau fait de mots.

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Lumières de Pointe-Noire. Alain Mabanckou. Seuil, 304 pages.