On a beaucoup écrit sur les talents de styliste de Gabrielle Chanel, sur son caractère impossible. Seule peut-être Edmonde Charles-Roux s'était attaquée à l'antisémitisme virulent de la dame du 31, rue Cambon.

Grâce à des recherches minutieuses dans les archives des polices allemande, française et suisse, Vaughan démontre sans l'ombre d'un doute que Mademoiselle a été dans les hauts rangs de la collaboration.

Elle est classée comme l'agent F-7124 de l'Abwehr, les services secrets allemands. Son nom de code est Westminster, allusion à un de ses anciens amants, le duc de Westminster. Son répondant et amant est le baron Dincklage, qui partage souvent son appartement au septième étage du Ritz, près de la place Vendôme et des ateliers Chanel. Cet étage est pourtant réservé à l'état-major nazi.

Fin 1943, début 1944, plusieurs dignitaires croient la guerre perdue et tentent de négocier une paix séparée avec la Grande-Bretagne. C'est Chanel qui sera chargée de prendre contact avec les Britanniques et, si possible, son vieil ami Winston Churchill. La mission échouera, par bonheur.

Gabrielle Chanel s'était donné un joli surnom, qui restait incomplet. Coco Labo, n'est-ce pas une flagrance qui pue?

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Dans le lit de l'ennemi, Coco Chanel sous l'Occupation. Hal Vaughan. Albin Michel, 384 pages.