Tournant le dos à l'anticipation et aux univers magiques ou médiévaux, ce roman de Jean-François Sénécal est particulièrement bien écrit.

Il se déroule dans un Montréal souvent insensible à la détresse et à la différence, malgré les cris: le cri que Léa, jeune fille fragile, en proie à une peine d'amour trop grande pour elle, ne cesse de pousser avant de devenir muette; le cri que Pierre, artiste clandestin, veut intégrer à ses dérangeantes statues grandeur nature faites de rebuts; le cri qui fait l'objet d'un livre donné par le libraire David à William, jeune réfugié étranger tenaillé par des souvenirs horribles. À ces quatre personnages s'en ajoutent quelques autres, dont des policiers qui cherchent eux aussi à comprendre qui se bat contre le cynisme et se porte à la défense de l'empathie.

Livre au ton réaliste, à la fois très intime et très social, Le cri de Léa touchera les lecteurs de 16 à 96 ans qui croient que le changement et l'engagement sont possibles et même nécessaires.