Il n'est pas facile pour un créateur, même de grand talent, de se glisser dans l'univers d'un autre. Encore plus si lesdits univers sont extrêmement «signés», comme le sont ceux de Daniel Pennac et de Gabrielle Vincent.

Leur «rencontre» dans les pages du Roman d'Ernest et Célestine, écrit par le premier mais mettant en scène les personnages créés par la seconde, n'est pas ratée, mais elle n'affiche le meilleur ni de l'un, ni de l'autre.

Les «signatures» ont été diluées. Daniel Pennac n'a jamais rencontré Gabrielle Vincent, morte en 2000, mais ils étaient liés par une amitié épistolaire.

Pressenti pour écrire le scénario d'un film d'animation qui mettrait en vedette l'ours Ernest et la souris Célestine, dont le quotidien se décline en albums douillets et délicatement subversifs, Pennac a plongé. Mais les histoires écrites et illustrées par Gabrielle Vincent sont faites de petits riens adorables... pas très cinématographiques.

Le romancier a donc imaginé la rencontre de ces géants de la littérature enfantine, en lui insufflant rebondissements et humour, mais en s'éloignant de l'esprit des livres.

Il y a, ici et là, des fulgurances «pennaciennes» et des bouffées de tendresse façon Gabrielle Vincent. Mais on est loin de L'oeil du loup ou de La naissance de Célestine.

_________________________________________________________________________

* * *

Le roman d'Ernest et Célestine. Daniel Pennac. Casterman, 198 pages.