Il y a un véritable amour du livre dans ce premier roman du bédéiste David Turgeon, malgré des personnages qui sont des lecteurs ingrats ou délinquants, des éditeurs maladroits, des écrivains en panne sèche, et une narration qui s'interroge sans cesse sur la construction du récit. Ils sont partout et servent de munitions à l'auteur, qui nous apparaît comme un redoutable lecteur.
Roman audacieux, écrit dans une langue précieuse et inventive, qui exige une attention de tous les instants pour ne rien rater des péripéties de la famille Charpelle, d'Irénée Manche, de Lucas Saminsky, de Ruth Babaïan et d'Anne-Claude, mais surtout des digressions amusantes qui font de ce roman une aventure littéraire aussi étonnante que rare, et qui nous fait avancer dans le «fantasme d'un roman qui n'existe pas encore» alors que nous le tenons entre nos mains.
David Turgeon nous invite dans son labyrinthe qui n'est pas seulement déroutant, mais esthétiquement assez beau pour qu'on ait envie de s'y perdre.
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Les bases secrètes. David Turgeon. Le Quartanier, 190 pages.