Un couple en péril et une famille dysfonctionnelle. Jalousie, manipulation, violence, dépendance affective et guerre psychologique sont de la partie.

Louise Erdrich, l'un des grands écrivains américains contemporains, crée un fascinant jeu des ombres. Impossible de s'en détacher tant il est prenant. On croit en connaître l'issue, mais la fin ne manque pas de nous surprendre.

La critique américaine a été dithyrambique, allant jusqu'à affirmer que «l'écriture d'Erdrich atteint des sommets». La traduction française par Isabelle Reinharez ne suscite pas autant d'enthousiasme.

C'est un roman savamment construit. Toutefois, il faut une bonne concentration pour ne pas perdre le fil entre le carnet bleu (le vrai), le carnet rouge (celui qu'Irene écrit en sachant que Gil le lit) et le récit du narrateur.

D'origine amérindienne, Gil, peintre de renommée internationale, et Irene, écrivaine, ont trois enfants. Il peint sa femme pour se l'approprier; elle s'invente des amants pour le faire souffrir.

Ni l'un ni l'autre ne veut la séparation. Leurs enfants essaient de survivre entre ces comportements alternant entre générosité et violence, froideur et désir torride.

Profondément tragique, ce roman plaira aux amateurs de romans psychologiques.

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Le jeu des ombres. Albin Michel, 252 pages.