La grande force du dramaturge et écrivain Simon Boulerice dans ce troisième roman, ce n'est pas seulement d'avoir imaginé une vie aux demi-soeurs Javotte et Anastasie et à la belle-mère de Cendrillon avant l'arrivée de la «pauvre souillon» dans l'histoire.

Ni d'avoir actualisé avec brio le mythe des deux méchantes filles et de leur marâtre en lui donnant des références contemporaines.

Non, sa grande force, c'est d'avoir engendré une adolescente véritablement crédible. C'est donc dire d'abord extrêmement agaçante (les 48 premières pages) par son égocentrisme, ses mesquineries, ses maladresses.

Puis extrêmement bouleversante (les 154 autres pages) par son ingénuité sans borne, dans un monde cruel et bien plus ingrat que l'âge de Javotte.

Dans de très courts chapitres aux allures de journal intime, Javotte donne une voix, parfois très crue, aux adolescents qui ont le malheur d'être au pire laids, au mieux quelconques, abusés à la fois par leurs hormones, leurs rêves et leurs proches.

On aurait pu sous-titrer ce court roman triste «L'ingénue lucide». Attention, ça fait mal.

*** 1/2

Javotte. Simon Boulerice. Éditions Leméac, 182 pages.