Jeanette Winterson n'a pas eu une enfance choyée. Adoptée par un couple de pentecôtistes, dans le milieu ouvrier, avec la Bible pour seule lecture autorisée, une mère obèse et dépressive qui ne l'aimait pas... elle partait plutôt mal.

Sa mère ayant découvert qu'elle cachait des romans sous son lit, elle les brûle tous. Et découvrant que sa fille est homosexuelle, elle la chasse de la maison.

L'écrivaine anglaise (Les oranges ne sont pas les seuls fruits) raconte son parcours avec des mots très simples: «les familles malheureuses sont des conspirations du silence»; à propos de l'adoption: «imaginez un livre dont il manquerait les premières pages»; «les enfants ne trouvent des défauts à leurs parents que beaucoup plus tard».

De sa recherche de bonheur, dont elle affirme, non sans humour, qu'«elle dure toute la vie et n'est pas tenue par l'obligation de résultat», elle tire cette autobiographie pleine de sagesse, mue par la volonté du «saumon remontant avec détermination le courant».

Revenant sur ses origines, Winterson fait un portrait très sensible de la classe ouvrière du nord industriel de l'Angleterre des années 60.

Enfin, en relatant l'expérience d'une vie, elle offre au lecteur ce qu'elle-même a pu puiser dans la littérature pour continuer à vivre: «Plus je lisais, plus je me sentais liée à travers le temps à d'autres vies et éprouvais une empathie plus profonde. Je me sentais moins isolée.»