C'était à une époque où les paysans italiens faisaient le plus d'enfants possible et où l'Église catholique assurait que plus on souffrait sur Terre, plus l'après-vie serait agréable.

On se reconnaît un peu dans ce roman d'Antonio Pennacchi et on sourit en lisant les aventures de la famille Perruzzi, racontées par un de ses 17 enfants.

Dans la pure tradition italienne, ce lauréat du prix Strega sait tourner tous les drames en farces. Certains émigrants italiens s'embarquent pour le Canada et débarquent... en Argentine. Alors, ce sera l'Argentine.

C'était aussi une époque où, dans le nord de l'Italie, on passait du syndicalisme au syndicalisme révolutionnaire, puis au socialisme et enfin à l'extrême droite.

La famille Peruzzi croise quelquefois un jeune socialiste sympathique et persuasif, Benito Mussolini. Le narrateur deviendra un pur fasciste.

Le canal dont il est question concerne l'un des plus grands projets du régime, l'assèchement des marais Pontins, au sud de Rome. Un succès, mais aussi un drame, puisqu'une multitude de travailleurs y trouveront la mort.

Et pourtant, on sourit devant cette écriture libre qui fait parfois des incursions dans l'Italie contemporaine pour nous rappeler que les sans-papiers qui accostent sur les côtes de Lampedusa ont les mêmes droits que les paysans pauvres du début du XXe siècle, c'est-à-dire à peu près aucun.

Canal Mussolini

Antonio Pennacchi

Éditions Liana Levi, 500 pages

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