«This is a fuck you book»: c'est ainsi que Lionel Shriver décrit son quatrième roman, Tout ça pour quoi. Un roman moins dérangeant qu'Il faut qu'on parle de Kevin, mais qui n'est pas moins percutant par sa dissection sans complaisance des relations familiales et par sa critique implacable du système de santé américain. Sous sa loupe: la maladie et la mort que l'on repousse à hauts coûts.

Bienvenue chez les Knacker. Shep, le patriarche, a travaillé toute sa vie. Un emploi «beige», mais qui lui a permis d'amasser beaucoup d'argent. Et, ainsi, de s'approcher de son rêve : s'installer dans une île paradisiaque et y couler de (vieux) jours heureux.

Il est prêt à partir quand sa femme lui apprend qu'elle est atteinte d'une forme rare de cancer. Les traitements, les (faux) espoirs s'ensuivent. L'argent fuit. Les sentiments changent. La question «Tout ça pour quoi?» s'impose, mais il serait obscène de l'énoncer tout haut.

Lionel Shriver dit tout cela avec un humour sardonique. Et en maniant cet art du malaise qui fait que ses romans défient les classements primaires du genre : «J'aime» ou «J'aime pas».

Tout ça pour quoi

Lionel Shriver

Belfond, 527 pages

*** 1/2