C'est le 1er mai. C'est la fête. Celle du muguet. Évelyne est une petite fille heureuse avec un grand amour: son chien Lulu. C'est la fête. Et Lulu aboie. Tellement que le père d'Évelyne dérape. Il attache l'animal à l'arrière de la voiture. Démarre. Lulu court, tente de suivre, ne peut plus, n'en peut plus, se laisse traîner.

La scène est déchirante pour le lecteur. Et elle déchire l'enfant témoin. Ainsi commence Les merveilles, plus récent roman de la belle et (littérairement) vénéneuse Claire Castillon. Inspiré d'un fait divers aussi sanglant que l'est Lulu après avoir été torturé, le livre suit le destin particulier de la fillette.

Qui grandit. Sans jamais se remettre du traumatisme subit ce jour de printemps. Fêlée. Ses décisions, son parcours et ses relations le prouvent.

Le cerveau «défait», comme l'écrit la romancière qui, comme à son habitude, asticote, provoque. Mais elle le fait cette fois-ci de manière plus... accessible, disons, que dans Dessous, c'est l'enfer ou Les cris.

Il reste une langue différente et râpeuse, dont la poésie ne chante pas mais écorche. C'est volontaire. Claire Castillon ne s'adresse pas aux âmes sensibles. C'est une constante. Et un talent.

LES MERVEILLES

Claire Castillon

Grasset, 236 Pages

*** 1/2