Je le jure sur la tête de Raphaël et de son frère imaginaire, du vicaire, de la servante et du curé de Grand-Petit-Havre, je voulais aimer le plus récent roman d'Antonine Maillet, L'albatros. J'ai même prié pour réussir à apprécier cette histoire qui se passe au temps de la Grande Crise, et qui évoque au passage le destin trouble de l'Acadie.

Mais je m'en confesse, malgré toute ma bonne foi, le périple de Raphaël, parti à 13 ans de la Nouvelle-Angleterre pour atteindre le pays de ses ancêtres en passant par New York, je l'ai vécu comme une série sans fin d'anecdotes et d'événements mis bout à bout.

Les mots, fussent-ils superbes, n'ont pas pris vie ni chair. Pourtant, la créatrice de la célébrissime Sagouine a une langue riche et colorée. Si la magie n'a pas opéré, ce n'est donc pas parce qu'Antonine Maillet n'est pas une bonne magicienne. C'est que je suis mauvais public pour ce genre de tours, pour ce monde désuet de curés et de soutanes. Souhaitons que ce roman d'une grande dame trouve les lecteurs qui lui conviendront.

L'albatros, d'Antonine Maillet, Leméac.