«Je suis considéré comme un itinérant, mais depuis deux mois, je ne suis plus un sans-abri. Étiquette, toujours les étiquettes.» Vie et misère d'un «robineux»: le narrateur d'Un hiver au P'tit Hippolyte raconte une saison glaciale à Montréal, la galère, le vin «cheap», l'esprit qui vagabonde.

Comment revenir de Laval quand on n'a plus un sou en poche? Comment ramasser les 4,47$ nécessaires pour acheter la paire de bas de laine convoitée lorsqu'on s'est toujours refusé à quêter? Solitaire, le narrateur sans nom est aussi observateur et dans sa maison de chambres du centre-ville le P'tit Hippolyte, il regarde ses voisins, tous aussi poqués les uns que les autres. Il les raconte avec un mélange de fascination et de dégoût, sans les juger: c'est la force de Paul Grégoire, auteur très sensible qui nous fait voir l'itinérance de l'intérieur, sans pathos. Un angle audacieux mais pas toujours crédible le héros s'exprime comme... un écrivain et fait une «rencontre» salvatrice avec la littérature, qui lui permet de jeter un regard critique sur la société dans laquelle nous vivons.

Roman réaliste aux élans oniriques, Un hiver au P'tit Hippolyte permet de mieux connaître le quotidien de ces gens que nous côtoyons tous les jours.

Hurtubise, 167 pages