Myriam Caron

Leméac, 208 pages

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Rares sont les livres qui abordent de front le suicide. Dans Génération pendue, Myriam Caron prend le taureau par les cornes dès le début. «La mort s'est assise près de moi. On s'est disputées longtemps», écrit la narratrice. Mael, habitée par un profond désir un mourir, mais par un instinct de survie tout aussi puissant, raconte son adolescence à Sept-Îles, sa vie de jeune adulte à Montréal, ses études en cinéma, ses amours, ses amitiés. Mais peu de gens supporteraient ce qu'endure la jeune femme, qui voit les gens qui l'entourent se suicider les uns après les autres. Il y a des moments très forts dans Génération pendue, dont une tentative de suicide presque menée jusqu'au bout, carrément bouleversante. Et autant le livre est dur, autant il est porté par une écriture vivante et vibrante qui pêche parfois par excès de style et de jeux de mots, un côté aérien en tout cas qui rend le mal de vivre de Mael plus facile à digérer. Mais les constants hauts et bas de la jeune femme finissent par lasser. Résultat: plus le livre avance, plus on s'immunise contre l'émotion. Génération pendue reste cependant un roman dérangeant, et une belle déclaration d'amour à la Côte-Nord, au fleuve, à l'air salin... et à la vie.