Julian Corkle naît dans les années 70, dans un bled perdu de la Tasmanie. Pour sa mère, dès le premier vagissement, c'est l'évidence: cet enfant est différent. Son destin l'appelle vers le clinquant, les projecteurs, la gloire. Pour son père, le constat est plus long à faire et il est moins «positif»: la différence de son fils ne l'enchante guère - hé, comment expliquer aux copains de la taverne que le garçon préfère jouer à la poupée qu'au baseball? 

C'est la situation de départ de Julian Corkle est un fieffé menteur, premier roman de D. J. Connell qui n'est pas sans rappeler, par son esprit, le récit autobiographique Courir avec des ciseaux d'Augusten Burroughs de même que les films Ma vie en rose d'Alain Berliner et C.R.A.Z.Y. de Jean-Marc Vallée.

Mais alors que les auteurs de ces oeuvres se cantonnent à une période précise de la vie de leurs personnages principaux, la romancière a, elle, choisi de suivre le sien sur plusieurs décennies. Au cours desquelles l'ineffable Julian trouve - et fait - sa voie à grands coups de mensonges. Et avec quel aplomb et quel panache! Panache dont manque un peu la traduction: on sent qu'une partie du mordant et de l'ironie de la romancière, de l'acidité du portrait qu'elle trace d'une société bien-pensante, a été... lost in translation, comme diraient certains.

Ce qui n'empêche pas que, durant les quelques heures passées entre ces pages, on a souvent le sourire aux lèvres.

Julian Corkle est un fieffé menteur

D.J. CONNELL

BELFOND, 373 PAGES

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