Le problème d'un grand nombre de séries policières dont les protagonistes sont récurrents, c'est que l'auteur finit souvent par manquer d'inspiration et la qualité des intrigues s'en ressent. Il arrive aussi qu'il prenne ses personnages en grippe et leur réserve un sort peu enviable (Sherlock Holmes, Hercule Poirot, Kurt Wallander, Erik Winter, etc.). Ce n'est pas le cas du Canadien Peter Robinson, qui signe avec Bad Boy le 19e épisode des enquêtes de l'inspecteur Allan Banks.

L'histoire commence par un événement relativement banal. Une de ses anciennes voisines veut le rencontrer, car elle a découvert un pistolet chargé dans les affaires de sa fille et elle ne sait pas quoi faire. Comme Banks est en vacances, c'est Annie Cabbot qui est chargée de régler cette affaire plus délicate qu'il n'y paraît à première vue. La loi anglaise prévoit en effet une peine de cinq ans de prison pour la détention illégale d'une arme à feu! Une escouade spécialisée est envoyée pour récupérer le pistolet non déclaré. S'ensuit une bavure, la mort d'un innocent et des conséquences catastrophiques pour tous les protagonistes.

Tracy, fille de l'inspecteur Banks, est tombée sous le charme de Jaff, beau gosse un peu mystérieux, flambeur de première, toujours habillé à la dernière mode, et qui se déplace dans une voiture de luxe. Il est aussi le véritable propriétaire du pistolet volé. Quand il apprend que cette arme, qui a déjà servi pour un meurtre, est entre les mains de la police, il décide de fuir en prenant Tracy comme otage. Du coup, le prince charmant révèle sa véritable personnalité: c'est un tueur sans pitié. Quand Banks revient de vacances, il est plongé dans un vrai cauchemar, la pire affaire de sa vie.

Avec un art consommé de la narration et du suspense, Robinson nous entraîne dès les premières pages dans cette aventure à haute tension dramatique, qui commence d'une manière plutôt banale pour devenir de plus en plus angoissante, avec quelques épisodes particulièrement éprouvants. Au fur et à mesure que l'étau se resserre sur le fugitif et que ses menaces de tuer Tracy se font de plus en plus pressantes, on en apprend davantage sur les relations difficiles qu'entretient cette dernière avec son père à qui elle reproche de l'avoir négligée, de lui préférer son frère qui fait une brillante carrière musicale. Ces événements tragiques pourraient favoriser un rapprochement entre ces deux êtres déchirés, mais encore faut-il sauver Tracy, la tirer des mains du voyou qui est prêt à tout pour sauver sa peau.

Bad Boy est un des meilleurs titres de cette série qui déçoit rarement, car Alan Banks, flic consciencieux et obstiné, ni alcoolique ni dépressif, est un personnage attachant et complexe. Et Peter Robinson, qui partage sa vie entre le Yorkshire et Toronto, est un sacré conteur...

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Bad Boy

Peter Robinson

Albin Michel, 2011, 408 pages

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