Hugues Corriveau écrit bien. Très bien même. Sa plume soignée, évocatrice, nous immerge facilement dans 60 univers de vieilles dames, d'enfants, d'amants, de bêtes humaines et animales.

L'auteur sait créer des climats qui vont du cru à l'étrange, à propos de tout et de rien, du quotidien comme de l'extraordinaire. Chaque nouvelle ne fait que trois paragraphes, mais le procédé ne lasse pas.

Que ce soit l'histoire de Gertrude, Hyacinthe, Ousmane ou Ludivine, toutefois, les personnages semblent interchangeables, car c'est l'écriture qui triomphe ici. Elle décrit froidement, comme couperait le scalpel, la chair ou l'âme. Si bien que c'est l'écriture qui semble dicter le récit plutôt que les personnages, les émotions ou la thématique.

Ce brillant exercice de style cache, en fin de compte, un regard et une attitude, une distance qui nous laisse, lecteurs, nous débattre avec des histoires qui ont bien peu à voir avec l'humain.

En décrivant des événements troubles, voire choquants, des atrocités touchant des enfants par exemple, ce recueil de nouvelles est un express qui file au bout de la nuit.

Ce n'est pas le genre de la maison, soit, mais l'absence de toute empathie, ce détachement, voire ce cynisme donnent froid dans le dos. La vie est insupportable et on en mourra tous nous dit l'auteur.

Coeurs sensibles, donc, s'abstenir.

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De vieilles dames et autres histoires. Hugues Corriveau. Lévesque éditeur. 141 pages.