Sergio Kokis affirmait en entrevue l'automne dernier que son plus grand stress était d'être incapable d'écrire un livre à la hauteur du sujet qu'il a choisi.
Avec Clandestino, qui raconte un moment charnière de l'histoire de l'Argentine à travers le regard d'un ex-militaire amateur d'échecs et de littérature, il réussit à combiner suspense et politique dans un récit de vengeance qui, après une mise en place un peu longue, finit par tenir le lecteur en haleine.
Le récit se déroule en 1983, tout juste après la guerre des Malouines, alors qu'un gouvernement civil se met en place en Argentine. On y suit Tomàs Sorge, qui après six ans de prison sert d'homme de mains aux militaires qui veulent effacer les traces de leurs exactions passées.
Il joue le jeu, change d'identité et devient José Capa, mais en habile stratège il a survécu en prison en jouant dans sa tête des parties d'échecs célèbres , n'en oublie pas moins qu'il a des tâches à accomplir: se venger de celui qui l'a trahi six ans plus tôt, et retrouver la femme et la fille et le magot d'un ami mort après avoir été torturé.
Tomàs-José calcule ses coups et manipule, mais devenu complice malgré lui des militaires, tombera-t-il dans leur piège?
Cette partie d'échecs est menée avec toute l'intelligence dont Sergio Kokis est capable, sans états d'âme apparents, mais avec toujours des questions morales à la clé. Du travail bien fait.
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Clandestino. Sergio Kokis. Lévesque éditeur. 258 pages.