L'école secondaire est le lieu de tous les traumatismes de l'ego. L'ultime revanche de celui qui n'arrive pas à s'en remettre est le fameux conventum ces retrouvailles d'anciens élèves où il pourra prouver à la face du monde qu'il a finalement réussi, espérant effacer pour toujours l'image de loser qui le fait encore souffrir...

Pascal Girard rappelle qu'il n'y a rien d'anodin à mesurer le chemin parcouru du laissé-pour-compte qui, peu importe ses réussites, cherche encore à éblouir à rebours ceux qui l'ont ignoré.

Le personnage de ce roman graphique se nomme Pascal, il est justement bédéiste, et il se fait un sang d'encre à l'idée de retrouver une «gang» du secondaire qui n'a jamais été la sienne.

Girard ne s'épargne rien dans l'exercice, le Pascal qu'il dessine nerveusement est parfaitement insupportable, il n'a évolué en rien, toujours terrorisé par le regard des autres, ce qui le mène à des retrouvailles foutues d'avance.

Ses bourreaux ont tout oublié, alors qu'il bute sur des détails insignifiants pour tous sauf pour lui, et encore, il les déforme.

On rit jaune en lisant Conventum, traversé de part en part par un profond malaise existentiel. C'est drôle et tragique, ça remue les failles profondes de l'adolescence... Était-ce si grave que cela? Oui. Était-ce aussi futile que ça? Aussi.

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Conventum. Pascal Girard. Shampoing, 156 pages.