«Il n'y a rien de pire que les profs qui s'accrochent et qui restent dans le même établissement pendant vingt ou trente ans», l'avait prévenu le proviseur à son arrivée dans ce lycée de province. Vingt ans plus tard, le prof d'anglais est toujours là, dans cette même salle G229. Il pensait y rester un temps, avant d'aller vivre à l'autre bout du monde. Il s'est révélé être un «accro de l'enseignement».

Remarqué pour son premier roman, Accès direct à la plage en 2003, Jean-Philippe Blondel livre ici un récit très personnel sur son quotidien d'enseignant.

La vie avec les jeunes le ramène à sa propre histoire, à ses convictions et ses maladresses, au temps qui passe. Il raconte aussi les réformes, les grèves, le moral sapé par les coupes dans l'enseignement (tiens, tiens...).

Miné aussi un certain matin par l'arrivée de Le Pen au deuxième tour des présidentielles, en 2002. «Et maintenant je fais quoi? Je dis quoi?» se demande-t-il en démarrant son cours. Il n'aura pas à y répondre, les élèves se levant d'un bloc pour aller manifester.

On en retient une grande tendresse pour ses élèves. «On s'aime bien, la plupart du temps. On les trouve attendrissants et niais, incultes et touchants -ils nous le rendent bien, ils nous traitent de vieille peau vieux con monsieur-je-sais-tout ridicule frustré sympa (...). Un feu d'artifice de contradictions.»

Un message à la fois optimiste et lucide sur l'école.

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G229. Jean-Philippe Blondel. Buchet Chastel, 244 pages