La bande dessinée ne sert pas que la fiction. Elle s'ouvre aux biographies et aux reportages illustrés comme ceux du très chouette magazine XXI.

Pour La communauté, l'illustrateur Hervé Tanquerelle (La vierge froide, suite du Professeur Bell) a demandé à son beau-père, Yann Benoît, de raconter l'histoire de la commune qu'il a fondée avec une bande d'amis soixante-huitards dans les années 70 dans la campagne française. Une commune moins peace and love que basée sur des valeurs de travail, d'égalité, d'entraide et d'anti-consumérisme. On ne chômait pas à la Minoterie, où près de 35 personnes, enfants compris, ont vécu. Même s'ils faisaient figure de hippies parmi les paysans du coin, ils travaillaient à un atelier de sérigraphie autogéré, fabriquaient des jouets, retapaient les bâtiments, s'occupaient des animaux et du potager. Le trait un peu brouillon du bédéiste évoque très bien ces années de (pas toujours) joyeuses utopies. Très touchants, à la fin, les témoignages des autres acteurs de la commune à la suite de la publication de ces entretiens illustrés. (Les deux tomes sont maintenant réunis en un seul volume.) Aujourd'hui dans la trentaine, les enfants de la Minoterie gardent pour la plupart le souvenir d'une enfance magique, sans souhaiter pour autant renouveler l'expérience. Le bel idéal communautaire aura quand même duré plus de 10 ans, avant que les tensions, rancoeurs et désillusions ne commencent à scinder le groupe.

Futuropolis, 368 pages