Les éditions du Marchand de feuilles ont le don de mettre la main sur des nouvelles voix, souvent imparfaites, mais particulières. Valérie Carreau en fait partie: La huitième gorgée, son premier livre, est un recueil de 10 nouvelles très fines, sous lesquelles se cachent une certaine violence et une douleur presque jamais nommée.

Ce sont surtout des femmes qui en sont les vedettes, beaucoup de mères - jeunes et moins jeunes - qui, sous un quotidien banal, cachent un désir, une gourmandise, un besoin. Une jeune maman veille son bébé malade; une autre boit son mal de vivre; une grand-maman tente de déjouer l'alzheimer; une femme essaie de tomber enceinte en s'accouplant avec des hommes d'entretien.

Pendant que les blogues de maman prolifèrent, Valérie Carreau, elle-même mère de deux enfants, a choisi la littérature pour parler de l'angoisse parentale, de cet amour immense mais parfois exténuant, des couples qui se défont sans que rien ne paraisse, des deuils qu'il faut vivre.

Loin de vouloir faire «joli», l'auteure met le doigt sur les petits bobos et les grands tourments, sur la beauté de la vie et l'appel du vide, auquel on résiste, ou non.

Une voix dont on a un très bel aperçu dans ces petites histoires qui se lisent sans douleur, quelquefois avec un petit pincement au coeur. Une voix à suivre.

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La huitième gorgée. Valérie Carreau. Éditions Marchand de feuilles. 108 pages